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Camp ? : Neutre
Vos lectures Mar 7 Aoû - 20:30 | |
| Une de vos lectures récentes vous a marqués ? Venez en parler ici, même en débattre si vous êtes plusieurs à avoir lu le même livre ! Je vais commencer par un livre des éditions Gallmeister (spécialisées dans les récits dans la nature) qui m'a particulièrement marquée. Le titre, c'était "Dans la forêt". L'intrigue prend place dans une Amérique contemporaine où la ressource qu'est l'électricité diminue petit à petit, jusqu'à disparaître totalement. L'Amérique connaît des vagues de violence, des disparitions, des épidémies. Cela, vous avez déjà pu le voir dans des séries qui reprennent un peu le même sujet. Ici, notre regard s'attarde sur Nell et Eva, toutes les deux sœurs, l'une savante, l'autre danseuse, tentant de survivre dans leur maison perdue dans la forêt. Elles sont seules, sans musique, avec autant de restrictions que le fait d'économiser chaque ressource, la peur des hommes, ceux qui viennent et qui prennent tout, les souvenirs, ceux de leur enfance, bien présent, qui explique comment elles en sont arrivé là. Ce livre est hypnotisant. Je ne sais pas vraiment quoi en dire d'autre, mais il en dégage une sérénité contraire à l'état du monde chaotique dans lequel elles vivent. Il est ce genre de livre qui font du bien, qui réparent, mieux, qui donnent envie de se perdre volontairement dans les bois et de tester ses limites et ses capacités de Robinson. Le lien -> https://www.babelio.com/livres/Hegland-Dans-la-foret/888010 |
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Camp ? : organisation criminelle uso.
Re: Vos lectures Sam 23 Fév - 19:38 | |
| J'étais en pleine contemplations de la pile de livres qui traîne sur ma table de chevet et je me suis dis que ça pourrait être cool d'en parler ici surtout que ça me donne une bonne excuse pour ne pas me remettre à mon mémoire. Ces lectures sont essentiellement féministes ou laissent une place majeure aux femmes. La fabrique du féminisme, par Geneviève Fraisse. - Résumé:
Ce livre réunit des textes de Geneviève Fraisse parus dans la presse (L’Humanité, Libé, Politis, Le Monde, Regards, Le Nouvel Obs…), ou dans des revues (Vacarme, Réfractions, Cahiers du genre, Mouvements, Revue de l’OFCE, Non fiction...) depuis trente-cinq ans. Il est une sorte de double-témoin : de la pratique et de la théorie ainsi que de leurs rencontres répétées, mais aussi de ce que, à tous les étages de la question féministe, la pensée est convoquée. Au début des années 1970, il y avait les slogans féministes, le journal Le torchon brûle et une figure de référence, Simone de Beauvoir. Comme dans l’histoire passée, les féministes passaient pour des agitées et l’intellectuelle se déclinait au singulier. Geneviève Fraisse appartient à la génération qui a mis la figure de la femme intellectuelle au pluriel, en nombre. Et elle analyse la pensée féministe, dans l’histoire en train de s’écrire. La fabrique du féminisme est un ouvrage assez conséquent, édité aux éditions Le passager clandestin en 2012 et réédité en 2018. Il s'agit Les thèmes abordés sont vraiment multiples. On commence à s'intéresser au féminisme des années 70, alors que le mouvement en France est marqué par le MLF (Mouvement de libération des femmes). Chaque texte s'intéresse à une idée, une interrogation, avec une visée à la fois philosophique et historique. Les grandes questions récurrentes sont présentes : le consentement, le plaisir sexuel, la parité, la place des femmes dans la société. Grand bémol à mes yeux : cet ouvrage s'inscrit clairement dans la deuxième vague féministe. On est ici assez loin de l'intersectionnalité de la lutte. Mis à part un article écrit en écho au Printemps arabe, la question des femmes racisées ou encore des personnes LGBT est plutôt absente de cet ouvrage. Femmes et filles, Mai 68 dirigé par Pascale de Langautier et Inès de Warren- Résumé:
Dans la perspective du cinquantenaire de Mai 68, nous publions un ouvrage collectif centré sur la place occupée par les femmes dans ce mouvement. Ce livre souhaite donner la parole aux femmes tout en faisant revivre les enjeux et les défis qu’elles ont eu à relever. Il cherche aussi à rendre compte de l’héritage de Mai 68 tant sur les plans sociétal, politique, culturel que sur ceux de l’éducation et de l’enseignement et nous proposons d’offrir une réflexion sur la place, la représentation des femmes et l’évolution de leur statut dans l’Histoire contemporaine. Philosophes, romancières, artistes, actrices, historiennes, scientifique, chacune a eu son Mai 68 et partage avec nous le souvenir de ce vent de liberté, en mots et en images.
Dans la longue liste des livres sortis à l'occasion du cinquantenaire de Mai 68, Femmes et filles, Mai 68 ne m'avait pas spécialement interpelé. Un ami me l'a ensuite offert à Noël et je dois dire que j'ai été charmé par cet ouvrage assez simple dans sa conception. On donne ici la parole à des femmes qui ont vécu les événements et qui nous raconte brièvement ces événements. On peut noter dans cette liste Annie Ernaux, Sylvie de Beauvoir et surtout la grande Michelle Perrot. Ce livre de témoignages est facilement abordable et donne des points de vues totalement différents sur les événements. Alors oui, ce n'est pas ce qu'il faut lire si on veut beaucoup d'informations ou une étude historique, mais il n'en reste pas moins intéressant. Petit bémol : Comme trop souvent, on remarque l'absence de celles qui n'ont pas de renommée, ce qui est bien dommage dans un tel ouvrage. Sorcières, la puissance invaincue des femmes par Mona Chollet- Résumé:
Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l’Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ? Ce livre en explore trois et examine ce qu’il en reste aujourd’hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante — puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant — puisque l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
Je ne sais même pas pourquoi je présente ce livre. Il a tellement fait parler de lui à sa sortie que c'est sûrement totalement inutile. Si vous ne l'avez pas lu, je peux que vous le conseiller mille fois. C'est sûrement l'un des livres que j'ai le plus attendu en 2018, et je n'ai pas une seule seconde été déçue en le lisant. L'autrice reprend la figure de la sorcière, bien connue de tous pour la lier à jamais à celle des femmes indépendantes. Libertarias, femmes anarchistes espagnoles coordonné par Hélène Finnet- Résumé:
Indomptables, insoumises, rebelles, mères, ouvrières, paysannes, syndicalistes, combattantes et « guérillères », les libertaires espagnoles, depuis la fin du XIXe et tout au long du XXe siècle, n’ont cessé de clamer leur désir d’émancipation sociale en leur nom propre. Si l’histoire retient surtout le rôle déterminant du groupe Mujeres Libres lors de la guerre civile et de la révolution de 1936-1939, cet ouvrage met l’accent sur la pluralité des formes de luttes et de récits de ces militantes qui témoignent d’une véritable spécificité de l’engagement des femmes anarchistes espagnoles. Contre l’invisibilisation d’un combat ponctué par l’expérience des luttes, des guerres et de l’exil, il s’agit ici, à travers les trajectoires de Francisca Saperas, Ana Delso, Antonia Fontanillas Borras, Les Solidarias, Mujeres libres et bien d’autres, de reconstruire une mémoire collective au féminin, tout en soulignant le caractère transgénérationnel de l’anarchisme espagnol au sein duquel les femmes ont joué un rôle sans précédent.
J'ai pas les mots pour dire à quel point j'ai aimé ce livre. Même s'il s'agit d'un ouvrage universitaire, il est très facilement abordable. Il vient compléter une historiographie déjà très chargée sur les anarchistes espagnols. On fait donc un petit bon dans le temps au début du XXe siècle, en pleine guerre civile, et on s'intéresse à ces femmes qui étaient actives dans le processus révolutionnaires, par le biais de Mujeres Libres ou d'autres organisations révolutionnaires ou syndicales. Je pourrais en parler pendant des heures en fait tellement ce livre est génial, inspirant grâce aux figures qu'il met en avant. Il est difficile de trouver un exemple aussi marquant au XXe siècle de femmes qui contribuent à ce point à l'histoire de l'anarchie, d'où mon engouement sans faille pour ce livre. Une culture du viol à la française par Valérie Rey-Robert- Résumé:
« La culture du viol touche toutes les cultures, tous les pays. Elle présente cependant des particularités bien spécifiques selon le milieu dans lequel elle s’exprime et se développe. En France, chaque fois que la question des violences sexuelles est posée dans le débat public, les mêmes réticences s’expriment. Certains s’élèvent pour dénoncer l’horrible moralisme réactionnaire qui voudrait condamner la liberté sexuelle si chèrement acquise, nuire à l’identité amoureuse nationale en important le puritanisme au pays des libertés. Avec un vocable bien choisi et une certaine hypocrisie, on évoque l’amour à la française en termes de galanterie, de courtoisie ou de libertinage. On loue nos traditions, l’attention portée aux femmes et la sophistication de nos jeux de séduction. Derrière ce charmant vocabulaire, la réalité est beaucoup moins glamour. »
Dans cet essai documenté et novateur, l’autrice analyse et définit les violences sexuelles, déboulonne toutes nos idées reçues et bat en brèche l’argumentaire déresponsabilisant les violeurs. Elle insiste sur les spécificités hexagonales du concept de « culture du viol », démythifie le patrimoine littéraire et artistique, et démontre, point par point, qu’il est possible de déconstruire les stéréotypes de genre et d’éduquer les hommes à ne pas violer.
Ce livre vient tout juste de sortir aux éditions Libertelia, et vraiment je crois que ça va être un des meilleurs livres de cette année. Je viens de le commencer, donc je ne peux pas encore vraiment en parler, mais pour ce que j'en ai lu pour l'instant, il tient totalement ses promesses. La question du viol est abordé historiquement, puis socialement. On s'intéresse ensuite à la question française, pour comprendre comment ce phénomène prospère encore au XXIe siècle. Voilà, c'est tout pour moi. Cette liste est assez courte, avec des ouvrages très accessibles. J'espère qu'un (ou plusieurs) de ces livres pourrait vous plaire si vous êtes intéressés par les ouvrages féministes. - Et n'oubliez jamais:
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