Araignée du soir, espoir [PV Khan]

L’air humide du port renforçait la sensation de froid portée par le vent nocturne. Hanzo ne put s’empêcher de frissonner, en recrachant la fumée de sa cigarette. Il écrasa le mégot  et jeta un oeil à sa montre: la personne envoyée par USO ne devrait plus tarder, à présent.
Le type qui se chargeait de leur livrer les armes avait été retrouvé mort dans son appartement, il y a quelques jours seulement. Crise cardiaque. La nouvelle avait jeté un froid dans le clan Shimada, les criminels commençant tous à rechigner pour continuer leurs actions. Le règne de Kira se mettait doucement en place, par la terreur. De nombreux criminels avaient changé d’identité après s’être fait passer pour morts comme Hanzo, mais eux avaient décidé de faire profil bas et de complètement stopper leurs petites affaires illégales, craignant beaucoup trop pour leurs vies. C’était des lâches. Jamais Hanzo n’accepterait de ployer devant qui que ce soit.

Malgré que la visibilité soit grandement réduite par le manque d’éclairage de cette partie du port, et la nouvelle lune ne renvoyant aucune lumière, Hanzo avait quand même décidé de mettre un de ces masques que les japonais avaient l’habitude de porter pour éviter la contagion de microbes. Le sien était noir et le motif du bas d’un crâne humain continuait parfaitement le haut de son visage qui restait visible au dessus du nez. On n’était jamais assez prudent, par les temps qui courent. C’est pour ça que deux de ses hommes étaient postés quelques mètres plus loin, au cas où il aurait besoin de renfort pour une quelconque raison.

Il finit par apercevoir quelqu’un arriver du quai B, et se redressa du mur contre lequel il s’était adossé quelques minutes plus tôt. Il faisait si sombre, impossible de deviner la carrure du nouvel arrivant. Homme? Femme? Qu’importe, ce n’était que pure curiosité. Ca n’avait aucune influence sur les affaires.
Manifestement, la personne devait être l’envoyée d’USO, car elle vint directement à sa rencontre. Il la salua donc.

« Il est bien trop tard pour que vous ne soyez pas la personne que j’attends. »

Et il aurait été assez improbable d’arriver ici par pur hasard tant c’était un coin isolé du port. C’était pour cela qu’ils avaient décidé que ça serait le point de rencontre.

Ses écouteurs crachent l’un des albums mythiques de Rage against the machine alors qu’elle avance d’un pas assuré vers les quais. Les mains enfoncées dans les poches de sa veste, elle chantonne doucement. L’heure n’est pas à la balade pourtant. Elle est là pour Uso, Charlie. Elle a quitté l’ordinateur, délaissé le temps d’une soirée le masque de Khan pour gérer ce rendez-vous. C’est son rôle – la gentille petite hackeuse s’est lancée dans l’intendance pour cette bande de bras cassés qui gravitent autour du quartier général. Son briquet vient allumer la cigarette qu’elle a glissée entre ses lèvres. Elle doit voir l’une de ces personnes avec qui Uso souhaite faire affaire.

Elle rejoint sans stress le point de rendez-vous. Elle ne s’inquiète pas Charlie, elle ne s’inquiète jamais. Ce n’est pas parce quelqu’un peut te tuer qu’il le fera ; cet état d’esprit l’a poussé à rejoindre l’organisation criminelle et à se lancer dans la gestion de celle-ci pour faciliter la vie de ses membres. La gamine n’a aucune raison de s’inquiéter – et c’est ce qu’elle se dit quand elle arrive devant son interlocuteur.

— Je pense aussi. Pour rejoindre ce point de rendez-vous, elle a eu l’impression de se perdre une dizaine de fois. C’est comme ça qu’il faut travailler depuis Kira, au milieu de nul part. Elle s’en fiche Charlie, ça ne la dérange pas de venir en pleine nuit sur un port, armée d’un pistolet et de toutes ses convictions. Je suis Charlie. Je représenterai Uso ce soir. Elle jette son mégot de cigarette au sol alors qu’elle observe son interlocuteur. Si son organisation n’avait pas besoin d’armes, elle serait tranquillement dans sa chambre au lieu de converser avec un mafieux. Vous avez la cargaison ?